Je viens de lire/regarder deux œuvres qui datent un peu et qui n’ont pourtant pas pris une ride. Deux écritures incroyablement modernes, absolument visionnaires et infiniment intéressantes à lire/visionner aujourd’hui encore :
– L’Afrique fantôme, de Michel Leiris : le carnet de bord de la (pas encore) superstar de l’ethnographie, tenu de 1931 à 1933, alors que Michel Leiris participait à la « Mission ethnographique Dakar-Djibouti ». Des notes quotidiennes, souvent strictement descriptives et parfois très intimes, sur cette épopée à travers l’Afrique coloniale, écrites par ce poète opposé à la colonisation et pas tout à fait bien dans ses baskets.
– Les statues meurent aussi, court métrage de 30 minutes écrit et réalisé par Alain Resnais et Chris MarkeR, sorti en 1953 et censuré en France pendant 8 ans car jugé anticolonialiste (en trois parties : un, deux, trois). « Quand les hommes sont morts, ils entrent dans l’histoire. Quand les statues meurent, elles entrent dans l’art. Cette botanique de la mort, c’est ce que nous appelons la culture. » Interdiction formelle de ne pas regarder ce documentaire jusqu’au bout, car c’est dans la troisième partie qu’il prend tout son sens et peut résonner aujourd’hui comme jamais.